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Petits riens

30 juin 2021

Impression

 

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Lundi, j'ai passé presque 3 heures à faire fonctionner mon imprimante.

 Je l'avais connectée depuis peu à mon nouvel ordinateur. J'avais réussi très rapidement. J'avais pu scanner des documents en utilisant le bluetooth. J'étais fière de moi.

 Mais voilà, je n'avais pas encore essayé les impressions. Et, en fait, pas moyen ! Lundi, je me suis un acharnée. Il faut dire que j'avais des documents à imprimer et à signer pour un avocat. C'était un peu urgent.

 J'ai tout essayé, j'ai même remis le cable usb. J'ai dû repasser 10 fois sur les mêmes procédures, j'ai testé, retesté. Ce n'était pas les cartouches ni les têtes d'impression. L'application HP me disait qu'elle reconnaissant mon imprimante. Alors quoi ? J'ai utilisé le service après vente HP. Le conseiller virtuel ne comprenait rien. Je suis retournée le voir plusieurs fois sans plus de succès. Je me suis inscrite sur le site d'HP pour avoir un conseiller réel. Pas moyen. J'ai trouvé cela très énervant. J'ai pensé qu'il fallait un bac+5 spécial HP pour y arriver. J'ai fini par lâcher prise en me rendant compte du temps passé.

 J'ai sauvegardé le document sur une clé usb et je suis allée à la recherche d'une reprographie. J'ai retrouvé très vite celle devant laquelle j'étais passée. Pas loin de chez moi.

 J'entre dans la boutique. Après avoir dit bonjour, je regarde les prix affichés :

 Photocopies noir et blanc ….... 10 centimes

 Photocopies couleur ….............. 70 centimes

 Le monsieur de la boutique me dit

 - Ne faites pas attention. Ce ne sont pas les prix. Vous voulez faire quoi ?

- J'ai un document de 7 pages sur ma clé. A imprimer en noir et blanc.

- Ca marche !

- Oui, mais c'est combien ?

- Ne vous inquiétez pas, chez moi c'est pas cher.

- C'est à dire ... 

- Je sais pas … peut-être un euro. Je sais pas bien … Vous trouvez ça cher ?

 Le ton est un peu méprisant.

- Non … mais c'est normal de demander le prix.

Je pense avoir dit cela sur un ton neutre, en tout cas pas agressif.

- Vous alors ! Qu'est-ce que ça doit être quand vous achetez une télé !

Et là, je commence à être un peu énervée et je lui raconte que je viens de passer 3 heures à essayer d'imprimer. Je ne sais pas pourquoi je lui ai raconté ça. Comme s'il fallait me justifier... Mais le type devient plus sympa. Il fait mes impressions, me demande 1 euro, me conseille sur un réparateur d'ordi et téléphones, et me fait une tape sur l'épaule quand je repars.

 Finalement, je suis allée me renseigner chez le réparateur, puis j'ai eu une autre impression à faire le lendemain et là, j'ai réssayé et trouvé en quelques minutes comment faire.

La morale de l'histoire : ne pas s'acharner sur un truc que l'on n'arrive pas à faire, réessayer plus tard.

Autre morale : il n'y a pas de petites arnaques ni de petits profits.

 

 

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23 mai 2021

Méditation

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Je ne sais pas si vous aussi, mais j'ai déjà essayé la méditation. Je n'ai pas essayé avec un soignant ou un coach. J'ai essayé toute seule, après avoir lu un livre sur la méditation de pleine conscience. Et ensuite, après avoir lu ou entendu d'autres choses, sur Internet. Se concentrer sur sa respiration, laisser les idées défiler, les observer simplement, respirer davantage, rallonger l'expiration, avoir de belles images dans la tête et tout et son contraire parfois. J'essayais de temps en temps, quand ça n'allait pas bien. Quand j'avais des idées qui tournaient et retournaient dans ma tête sans arriver à m'en débarrasser. Quand j'étais triste ou déprimée. Quand j'avais le cafard. Quand j'étais anxieuse. Ça a rarement marché. Vite énervée. Plus j'essayais, moins ça marchait. J'ai fini par arrêter, par me dire que ce n'était pas pour moi.

 

Dernièrement, j'ai lu un livre. Yoga d'Emmanuel Carrère. Au départ, je pensais que c'était un livre sur sa dépression et ça me touchait, forcément. Sur Internet (encore) j'avais lu qu'il cherchait à retrouver l'unité. Ça m'a parlé cette idée. J'ai donc réservé le livre à la bibliothèque. Quand j'ai pu le lire, ma dépression était déjà en rémission.

 

J'étais, un jour, page je ne sais plus combien (j'ai rendu le livre depuis). Je lisais assise dans mon fauteuil crapaud. J'étais bien. Dehors, la lumière baissait. Pas question de sortie en raison du couvre-feu mais j'étais bien chez moi, avec moi même, avec la lecture.

 

Page je ne sais plus combien donc, il était question de méditation. Comment lui, l'auteur, être singulier, vivait la méditation. J'ai posé le livre et voulu essayer, comme lui, juste pour faire une expérience. La cocotte minute tournait dans la cuisine avec des artichauts dedans. Je me suis concentrée, non pas sur ma respiration, mais sur mes narines, sans chercher à modifier ma respiration, sans m'inquiéter si elle changeait d'elle même du fait d'y prêter attention. J'avais encore les mots du livre dans la tête. J'étais également absorbée par le bruit de la cocotte minute. Je me laissais bercer par lui. J'ai ressenti très vite un bien être, non pas dans ma tête, mais dans mon corps.

 

 Depuis, je refais l'expérience régulièrement. Sans la cocotte minute en général. Pas besoin. Le bruit de la vapeur qui tourne c'était juste pour la première fois. Et ça marche maintenant. J'essaie de méditer avant d'aller me coucher par exemple.

 

 Je remercie ma cocotte minute et mes artichauts. Ils ont été là au bon moment. Ils ont été là en même temps que le livre. Question de hasard. 

 

 J'en tire une morale de cette histoire. J'avais essayé avec un livre de développement personnel, puis par tout le fatras d'Internet. Mais c'est par le livre d'Emmanuel Carrère que ça a marché, par la littérature. Le pouvoir des mots quand un livre est bien écrit, pas juste fonctionnel.

 

3 mai 2021

Impressions

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Je vais dans la pièce principale de mon petit appartement pour prendre un vêtement. Au moment où j'ouvre le tiroir de la commode, je sens une odeur que je n'identifie pas. Une odeur nouvelle, agréable, qui passe en un instant. Pendant quelques secondes, j'ai eu l'impression d'être ailleurs, dans un autre chez moi, dans une nouvelle maison.

 

 

Une de mes proches s'est fait opérée des yeux. Dans la rue, elle me tient le bras. A chaque fois que l'on traverse une rue, je fais très attention. Je prends vraiment le temps de regarder et d'analyser.C'est sans doute humain de se sentir plus responsable des autres que de soi même.

 

 

Je marche dans la rue, dans un quartier de Paris que je ne connais pas bien. C'est le matin. Ces derniers temps, je ne suis sortie qu'en après-midi. Les arbres sont d'un vert tendre et éclatant, la lumière est belle, le soleil est là et le vent est tombé contrairement aux jours précédents. Je marche comme si tout était nouveau dans ma vie, comme si j'étais moi aussi une personne nouvelle. Est-ce l'effet du printemps, de l'heure, du temps, du quartier ou s'est-il passé quelque chose d'important pendant ma séance de psychothérapie de la veille ?

 

 

 

Je marche sur la place de l'arc de Triomphe. Elle est déserte à cette heure-ci. Je passe à côté d'une poubelle et je vois un petit oiseau noir. J'aperçois des couleurs dans le noir. Je n'ai pas le temps de regarder, l'oiseau est parti de l'autre côté de la poubelle. Je tourne pour le voir. Il tourne aussi. Et cela deux ou trois fois. Il finit par s'arrêter et je peux l'admirer. Noir, petit, un bec jaune. De l'orange et du bleu dans le noir de ses plumes. A moins que ça ne soit du rouge et du vert. Je ne m'en souviens plus au moment où j'écris. Je me souviens juste que je l'ai trouvé ravissant.

 

22 avril 2021

Contrôles (1)

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L'autre jour, mon train arrive à Saint-Lazare, côté banlieue. Je descends, je marche dans la foule plutôt espacée, gestes barrières obligent. Là, au milieu, et disséminés parmi les voyageurs, des contrôleurs. D'habitude, ils sont alignés et serrés en début de quai. C'est une nouvelle stratégie. Sans doute pour empêcher les petits malins qui ne seraient pas en règle et qui retourneraient dans le train pour repartir dans l'autre sens.

 

Ou alors pour éviter les embouteillages et les regroupements de foule.

 

Je sors ma Navigo. Une Navigo c'est une carte avec laquelle on peut prendre un abonnement pour le train, le tram, le busle ou le métro de la région parisienne. Je marche avec elle dans la main. Le contrôleur, qui n'est pas très loin devant moi, se retourne alors, se met à crier, et s'avance rapidement. Je me dis qu'il fait la chasse à un voyageur qui ne s'est pas arrêté. D'autres contrôleurs s'agitent, crient. Je range ma navigo.

 

J'arrive à la sortie de la gare. Je ressors ma Navigo pour passer les portillons automatiques. C'est relativement nouveau à Saint-Lazare. Avant, on sortait et entrait librement au départ et arrivées des trains.

 

Là, nouveau branle-bas de combat. Des contrôleurs, des contrôleuses, des agents SNCF de sécurités, un chien même, en laisse et avec une muselière. Ils sortent par les portillons, courent, prennent l'escalator, toujours en courant, et ils attrapent un type, un jeune.

22 avril 2021

Contrôles (bis)

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L'autre jour, mon train arrive à Saint-Lazare, côté banlieue. Je descends, je marche dans la foule plutôt espacée, gestes barrières obligent. Là, au milieu, et disséminés parmi les voyageurs, des contrôleurs. D'habitude, ils sont alignés et serrés en début de quai. C'est une nouvelle stratégie. Sans doute pour empêcher les petits malins qui ne seraient pas en règle et qui retourneraient dans le train pour repartir dans l'autre sens.

 

Ou alors pour éviter les embouteillages et les regroupements de foule.

 

Je sors ma Navigo. Une Navigo c'est une carte avec laquelle on peut prendre un abonnement pour le train, le tram, le busle ou le métro de la région parisienne. Je marche avec elle dans la main. Le contrôleur, qui n'est pas très loin devant moi, se retourne alors, se met à crier, et s'avance rapidement. Je me dis qu'il fait la chasse à un voyageur qui ne s'est pas arrêté. D'autres contrôleurs s'agitent, crient. Je range ma navigo.

 

J'arrive à la sortie de la gare. Je ressors ma Navigo pour passer les portillons automatiques. C'est relativement nouveau à Saint-Lazare. Avant, on sortait et entrait librement au départ et arrivées des trains.

 

Là, nouveau branle-bas de combat. Des contrôleurs, des contrôleuses, des agents SNCF de sécurités, un chien même, en laisse et avec une muselière. Ils sortent par les portillons, courent, prennent l'escalator, toujours en courant, et ils attrapent un type, un jeune.

 

Il a l'air de ne pas comprendre ce qui lui arrive. Je suis désolée pour lui.

 

 

 

 

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19 avril 2021

Nouvelles

 

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J'ai un billet tout prêt avec un petit rien glané dans une gare. Mais avant je dois vous remercier pour tous vos gentils messages et vous donner de mes nouvelles (en étant désolée de ne pas l'avoir fait avant). 

 

Pour Facebook, c'est vrai que je n'y suis pas allée depuis très longtemps. Je n'y vois plus beaucoup d'intérêt.

 

Dans un billet daté du 14 février 2020, je vous avais écrit que j'avais eu des soucis sur mon lieu de travail. Et Odile m'a fait remarqué que j'avais écrit plusieurs fois « je vais bien » comme si je voulais m'en persuader. Que tu avais raison Odile ! Je voulais remonter la pente toute seule. Me battre. Ni anti-dépresseur, ni psychothérapie. Et j'ai cru qu'en changeant d'identité professionnelle tout irait bien.

 

En fin d'année dernière, je me suis retrouvée avec un nouveau poste en maternelle. C'était chouette. Je vous raconterai. Mais à la rentrée, je suis nommée sur un poste tout différent, poste que j'avais demandé (je me suis entêtée à vouloir changer). Et là, je me retrouve à retravailler directement avec une Inspectrice très particulière, le genre à souffler le chaud et le froid. Ça, plus beaucoup d'anxiété par rapport à ce nouveau poste, plus ce qui m'était arrivé l'année précédente, j'ai plongé tout droit dans une dépression (« atypique » a écrit le psychiatre qui me suit). Je prends maintenant des anti-dépresseurs, je suis une psychothérapie (du verbe suivre...) et j'ai remonté la pente. Je me sens même plus solide qu'avant.

 

J'ai maintenant envie de retravailler mais il faut que j'attende de passer devant un comité médical car j'ai été absente trop longtemps.

17 avril 2021

Quel plaisir de vous retrouver !

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Bonjour à toutes, à tous,

Je me suis surprise à relire ce que j'avais écrit, un an avant. Et puis un peu avant. Et puis vos commentaires.

Quel plaisir de vous retrouver ! Une année entière ! Cela paraît si loin et si proche à la fois, le premier confinement.

Finalement, je n'ai pas publié dans le nouveau blog (celui dont je parle dans le précédent article). Problèmes techniques au début, puis j'ai laissé tomber, encore une chose parmi d'autres que je commence, pleine d'élan, d'envies … et puis ça fait plouf... ou splash … ou pchitt... Ça coule.

C'est comme ce blog. Je l'ai laissé en sommeil longtemps, pour revenir une ou deux fois, le relaisser... Mais il faut que je me souvienne du plaisir que j'ai à nos dialogues à travers nos blogs et je reviendrai, le plus vite possible.

 

4 avril 2020

Journal du lapin

J'ai préparé un document open office en y incluant des photos, et ceci  pour mes neveux et nièces. Et puis le fichier était trop lourd pour l'envoyer de ma boite mail. Alors je vous l'envoie ici. Un peu infantile peut-être...

 

Mardi 24 mars, huitième jour de confinement

 

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Bon ! Ça commence bien ! Elle n'est pas douée ma propriétaire provisoire. Elle ne peut pas trouver le moyen de me mettre à l'endroit ?

Je confirme : propriétaire provisoire. J'appartiens à des enfants, pas à une vieille tata de 50 ans !

 

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Dans l'autre sens, mais toujours pas à l'endroit !

 

A côté de moi, c'est une corde à sauter que ma propriétaire a achetée hier, au Monoprix, mais à l'heure du déjeuner (pour qu'il n'y ait pas trop de monde). Un employé de Monoprix l'a aidée à trouver la corde. Il l'a fait monter avec elle dans l'ascenseur réservé au personnel. Elle n'a pas parlé pendant le trajet et elle a gardé son «masque» fait maison.

 

La corde, c'est pour faire du sport dans la cour. 

 

 

 

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Hum … elles sentent bon ces fleurs.

 

Quoi ?

 

Je ne vous entends pas.

 

Quoi ? Elles sont fausses dites-vous...

 

Et alors ? Elles sentent bon quand même. Que connaissez-vous de l'odorat des marionnettes ?

 

 

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Ma tenue pour sortir. Vous aimez ? Je suis joli comme ça, n'est-ce pas ?

Joli ou jolie. Je suis peut-être une fille. Que connaît-on des marionnettes ? Il y a beaucoup de mystères autour de notre existence.

 

Je ne suis pas bête. Je suis un lapin, mais je ne suis pas bête. Juste un animal.

Je sais très bien que Corona n'est pas dans l'air. Et puis qu'à force de garder un truc devant la bouche et le nez, on se contamine soi même. Je mets juste le foulard devant moi si je dois parler à quelqu'un, flic ou voyou.

(Excusez-moi les enfants. Je sais, vous n'allez pas comprendre la référence. Pas de votre âge).

 

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Ça, vous reconnaissez ?

C'est une chaussette que je mets sur ma main quand j'ai besoin de toucher quelque chose en sortant, le bouton pour sortir de l'immeuble ou pour ouvrir la grosse porte d'entrée bleue dans la cour. Ensuite, pour ranger la chaussette dans ma poche, je la retourne précautionneusement. Je ne la garde pas sur ma main, ce serait un peu irréfléchi. Je risquerais de la contaminer en touchant mon visage par exemple. Je vous l'ai dit, je suis un animal, mais pas bête.

 

Ce qui est un peu compliqué, c'est l'ouverture des portes avec le reste de mon corps : mon dos, mes bras, mes jambes et mes pieds.

Surtout mes jambes et mes pieds...

N'oubliez pas, je suis une marionnette. Qui plus est, une marionnette à gaine. Vous ne savez pas ce que c'est ? Regardez sur Internet !

 

Bon allez ! C'est fini pour aujourd'hui. Ma propriétaire a plein de choses à faire. Il faut qu'elle arrête de procrastiner !

Procrastiner ?

Ça veut dire remettre au lendemain ce que l'on peut faire le jour même.

A bientôt, et n'hésitez pas à me dire si vous trouvez eds fautes d'orthaugraphe. Non, pardon, des fautes de frappe ! Il faut dire que je ne vais plus à l'école depuis quelques jours à cause de ce maudit Corona. Et j'ai déjà oublié plein de choses.

 

Allez ! À +

 

22 mars 2020

Dimanche 22 mars

Premier dimanche de confinement. Il est 14 heures 08. J'ai tapé, sur You Tube, play list spéciale confinement. La voix de Nino Ferrer sort de l'enceinte bluetooth. On dirait le Sud, le temps dure longtemps … un jour ou l'autre, il faudra qu'il y ait la guerre … on dit c'est le destin … tant pis pour le Sud, c'était pourtant bien, on aurait pu vivre, plus d'un million d'années, et toujours en été.

 

 

A la télévision, tout à l'heure, un mini reportage sur une plage de la Côte d'Azur, à Nice peut-être. C'était il y a deux jours ou trois jours. Une femme allongée sur un un petit matelas. Elle est seule. Pas de voisin autour. Elle répond aux journalistes. Elle ne voit pas où est le problème. Je ne le vois pas non plus. Et alors ? Elle respecte la distanciation sociale. Le seul problème, ce sont les journalistes présents.

 

 

A la télévision encore, des images des bords de Seine, avec des passants. Je n'ai qu'une peur. Avoir été filmée à mon insu et apparaître sur l'écran. Cétait le deuxième jour. Cela me paraît une éternité. J'avais mis ma tenue de sport. J'étais sortie avec mon autorisation, écrite à la main, puis photocopiée. J'avais coché deux cases :

déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l'activité physique etc etc

déplacements pour effectuer des achats de première nécessité etc etc

J'ai marché dans la rue du faubourg du temple, quasi déserte. Le long des trottoirs, des rideaux de fer baissés. A la République, je suis arrêtée par un jeune fonctionnaire de police. Je remonte mon foulard sur mon nez et ma bouche. Il me dit que cela ne sert à rien. Je lui réponds :

  • C'est pour vous protégez.

  • Oui, mais le tissus ça ne sert à rien.

Il me dit alors que mon papier n'est pas réglementaire car j'ai coché deux cases.

  • Je vais marcher mais, si en passant, je trouve un magasin de fruits...

  • Non, ce n'est pas bon.

  • Ah bon ? Pourquoi ?

  • Quand les gens en auront marre de recopier ce texte, ils arrêteront de sortir.

  • Et quelle distance est-ce que je peux faire ?

  • Un kilomètre.

  • Au revoir, bonne journée.

  • Bonne journée.

Un kilomètre ? Et si j'allais jusqu'à la Seine en passant par la rue des Archives et l'Hôtel de Ville ? Ca doit faire à peu près un kilomètre. Peut-être un peu plus. Si je me fais arrêter, je jouerai les naïves. Vous savez, j'ai 55 ans, je n'ai pas le réflexe smartphone. Je marche dans des rues désertes. Il fait beau. Avec les rares passants, on s'évite, on se laisse passer, on respecte les distances de sécurité. Sur les quais de Seine, un peu plus de monde. Juste un peu plus. Tellement moins qu'habituellement. Les distances sont faciles à respecter. Je m'assois sur des vélos immobiles installés le long de la Seine. Je pédale. Le président a dit qu'il fallait faire du sport. Le soleil se reflète sur le fleuve. A ma droite et ma gauche, d'autres femmes, entre deux âges, comme moi. A plus d'un mètre les unes des autres. Ma voisine de droite me parle.

  • Il faut pédaler. Tout à l'heure, j'étais assise sur le banc et les policiers n'ont dit que ce n'était pas possible. Il faut être en mouvement. Ils ont quand même laissé le SDF.

  • Ah bon. Il y avait un petit vieux tout à l'heure sur un banc. J'espère que ça, c'est possible.

Et, quelques minutes après, elle me dit encore :

  • Il faut faire du sport, pour éviter les dépressions, les suicides … ils y ont pensé.

  • Oui, c'est bien possible.

Je finis par me lever. Je dis au revoir à a compagne de vélo et je continue ma route. Je passe par les rues du Marais. Je dirai que je me suis perdue. Pas grand monde. Je prends des photos. Je rentre dans une pharmacie pour acheter de l'homéopathie. Je discute avec le pharmacien qui me donne raison par rapport au foulard. Plus tard, je rencontre un autre barrage policier. Je remets mon foulard devant la bouche et le nez. Deux femmes cette fois. Je montre mon papierà l'une d'elles. Elle voit mon papier en noir et blanc avec du stylo bleu pour les parties variables.

  • C'est une bonne idée le Tippex... je vais le dire à ma fille.

  • Je n'ai pas mis de Tippex, j'ai juste écrit en bleu après la photocopie.

  • C'est une bonne idée quand même. Je vais le dire à ma fille.

Je lui explique ensuite pourquoi j'ai coché deux cases.

  • Vous avez bien raison.

  • Au revoir, bonne journée.

  • Bonne journée.

C'était le deuxième jour de confinement. C'était il y a si longtemps. Je ne savais pas que les gens qui étaient sur les bords de Seine seraient montrés du doigt.

 

 

N'empêche, le deuxième jour de confinement, j'ai réussi à parler à quatre personnes en face à face. A un peu plus d'un mètre mais en face à face quand même.

 

 

A C'hebdo, une ancienne miss France montre comment on peut faire du sport avec deux bouteilles de vin en guise d'haltères. Je préfère essayer avec des bouteilles d'eau. Pas de risque de casse.

 

 

Il y a deux jours, à l'exterieur d'une résidence ouverte sur le canal Saint Martin. Une mère est là avec ses deux enfants. Elle fait de la corde à sauter. Elle s'arrête :

  • Ne touche pas au pain.

Elle continue à sauter puis s'arrête de nouveau. Cette fois, sa voix monte dans les aigüs. Elle est presque hystérique :

  • Laisse ce pain je te dis ! Tu ne t'es pas lavé les mains !

 

 

Je repense à ma voisine de vélo et à ce qu'elle m'a dit sur les suicides. Je me souviens de mon cours de sociologie, à Jussieu, en UV optionnelle. Max Weber (ou un autre, mais je crois bien que c'était lui) … Max Weber a montré qu'il y avait moins de suicide en temps de guerre. Son explication ? Il y a plus de cohésion sociale.

 

 

Je crée un nouveau blog que j'appelle Journal de distanciation mais j'ai un problème technique. Je publie ce billet en double, sur le nouveau blog et sur mes Petits riens.

 

14 février 2020

Nouvelles

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Photo prise lors d'une exposition à Marseille (maison de l'Artisanat)

 

Vendredi 14 février. La Saint Valentin. Ce n'est pas pour cela que j'écris aujourd'hui. Juste un hasard. Cela fait longtemps que je veux reprendre ce blog. J'ai relu certains de mes billets précédents. Je m'y plains du manque de temps dû à mon métier d'enseignante, en primaire. Maintenant j'ai du temps. Je ne suis pas encore à la retraite (dans 10 ans peut-être, à moins d'une nouvelle réforme d'ici là). Je suis en arrêt. En arrêt "maladie". Pourtant, je ne suis pas malade.

J'ai été victime de violences sur mon lieu de travail.

Mais je vous rassure. Je vais bien. Je vais bien maintenant. Je suis passée par des moments terribles. Mais je vais bien maintenant, avec de nouveaux projets professionnels. J'écris aussi, Ce n'est pas un projet, je le fais réellement. J'ai besoin de donner une forme "littéraire" à ce qui m'est arrivé récemment. Je ne sais pas encore ce que je ferai de mon texte lorsqu'il sera terminé. Pour le moment, l'important, c'est de l'écrire.

Et, maintenant que je vais bien, j'ai l'intention de venir vous voir régulièrement. 

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